À qui profite la relance ?

Comment expliquer cela ? Le redressement de l’économie française incita les ménages français à augmenter leurs dépenses, mais la majeure partie de cette augmentation porta sur les biens étrangers. La relance française se propagea à des pays produisant des biens plus compétitifs, comme le Japon (produits électroniques) et l’Allemagne (voitures). Il y eut donc une augmentation des importations en France : comparées à leur niveau de 1979, les importations françaises avaient augmenté de 17,9 %, comme indiqué sur le Graphique 5.1. Les exportations allemandes avaient quant à elles augmenté de 17,1 % en 1982 et de près de 14 % en 1983. En conséquence, la croissance du PIB allemand fut supérieure à celle du PIB français en 1983. La politique de relance française a principalement bénéficié à ses partenaires commerciaux produisant des biens plus compétitifs. La France est alors passée derrière les autres pays européens, avec une croissance plus faible et un déficit budgétaire public élevé (supérieur à 3 % en 1983).

L’échec de la politique économique sous la présidence de François Mitterrand s’est traduit, d’un point de vue économique, par une pression sur le franc français (l’unité monétaire de l’époque) : entre 1981 et 1983, l’État français dut procéder à trois dévaluations pour rendre les biens français plus compétitifs que ceux produits à l’étranger. Pierre Mauroy se retira en 1984 et le nouveau Premier ministre, Laurent Fabius, mit en œuvre une politique d’austérité.

Cette expérience souligne les limites de l’utilisation d’une relance budgétaire pour réussir la stabilisation d’une économie frappée par une profonde récession. Le commerce avec d’autres pays limite la capacité des décideurs à recourir aux politiques de relance budgétaire en période de récession.

Dans le cas de la France, la politique avait été mal conçue et retarda l’ajustement de l’économie française aux chocs qui l’avaient frappée dans les années 1970. Notez que le problème en France à cette époque n’était pas seulement un chômage élevé. L’augmentation de la demande agrégée stimula la dépense, mais pas la dépense sur des produits français.

La politique d’expansion de la demande en France fut une exception en Europe. Pendant ce temps, en Allemagne, le solde budgétaire restait quasiment équilibré au cours de ces trois années. Les déficits budgétaires étaient respectivement de 0 %, 0 % et 0,2 %.

Si les grandes économies européennes avaient adopté des politiques budgétaires expansionnistes au même moment, les résultats auraient été bien différents, car les retombées provenant, par exemple, d’Allemagne auraient stimulé l’économie française.

Vous verrez dans la section suivante que même si ces politiques budgétaires, à la différence de la politique monétaire, sont du ressort des États membres, elles sont contraintes par les traités européens.

Source : https://lesmanuelslibres.region-academique-idf.fr
Télécharger le manuel : https://forge.apps.education.fr/drane-ile-de-france/les-manuels-libres/ses-terminale-specialite ou directement le fichier ZIP
Sous réserve des droits de propriété intellectuelle de tiers, les contenus de ce site sont proposés dans le cadre du droit Français sous licence CC BY-NC-SA 4.0